En 2035, il ne sera plus possible d’acheter de véhicules thermiques. La raison ? L’Europe vise la neutralité carbone à horizon 2050, cela signifie qu’à cette échéance, le pétrole ne devra plus être utilisé pour alimenter nos véhicules. La durée de vie moyenne des véhicules étant de 15 ans, cela signifie qu’à partir de 2035, les véhicules thermiques ne pourront plus être vendus en tant que véhicules neufs.
Le véhicule électrique est-il moins émissif de GES que le véhicule thermique ?
Voici une étude comparative réalisée par Carbone 4 sur les émissions de CO2 en analyse de cycle de vie (ACV), c’est-à-dire, intégrant les émissions cumulées à chacune des étapes de la durée de vie du produit, de la fabrication à la fin de vie, en passant par la phase d’utilisation, entre un véhicule thermique, un véhicule électrique et un véhicule hybride. Les études sur un grand nombre de véhicules estiment que le véhicule électrique est de l’ordre de 2 à 5 fois moins émetteur de gaz à effet de serre que le véhicule thermique.
Les véhicules hybrides sont des intermédiaires entre les véhicules thermiques et électriques. Il en existe de deux types. Les hybrides non rechargeables qui consomment uniquement du pétrole, leur petite batterie se rechargeant lors de la conduite, notamment lors du freinage. Les véhicules hybrides rechargeables dotés d’un moteur thermique associé à un moteur électrique et une batterie. Dans la pratique, les 3/4 des voitures hybrides rechargeables sont des SUV, beaucoup plus lourds (plus de matières et double motorisation) et moins aérodynamiques, le mode électrique est peu utilisé, entrainant une consommation plus importante de pétrole que ce qu’annoncent les constructeurs. Le gain d’émissions par rapport aux véhicules thermiques est bien plus limité.
Les émissions de CO2 entre un véhicule électrique et un véhicule thermique ne se situent pas au mêmes étapes du cycle de vie. Pour le véhicule électrique, les émissions sont essentiellement dues à la fabrication du véhicule et de sa batterie. Les émissions durant la phase d’utilisation seront beaucoup plus faibles et liées au mix électrique du pays dans lequel on recharge le véhicule. Mix très peu carboné en France.
Ainsi la production d’un véhicule électrique émet plus de GES que son pendant thermique. En revanche à l’usage un véhicule thermique est beaucoup plus émissif qu’un véhicule électrique, lié à la combustion du pétrole. Ainsi, ce raisonnement porté sur l’ensemble du cycle de vie permet de mettre en avant qu’à partir de 30 à 40 000 km (soit 2 à 3 ans d’utilisation pour un usage moyen) la voiture électrique sera moins émissive de GES qu’une voiture thermique. Or, une automobile sur sa durée de vie va parcourir de l’ordre de 200 000 km !
Le site Climobil vous permet de comparer les émissions de différents véhicules thermiques et électriques sur tout le cycle de vie du véhicule, vous permettant de visualiser à quel kilométrage le véhicule électrique devient moins émissif.
Pour apporter un éclairage fiable et documenté, nous recommandons les sources suivantes :
- Livre « Voitures Fake or Not » aux éditions Tana – Aurélien Bigo, chercheur indépendant, associé à la Chaire Energie et Prospérité
- La vidéo du Réveilleur – La voiture électrique est-elle écologique ?
Doit-on en conclure que pour décarboner notre mobilité il suffit de remplacer le parc roulant thermique par un parc électrique ?
La voiture électrique émet de deux à cinq fois moins de CO2 que le véhicule thermique. C’est bien mais cela ne suffit pas !
La voiture (qu’elle soit électrique ou thermique) reste consommatrice notamment de ressources, la fabrication de batterie pour les véhicules électriques utilise des métaux à forte criticité, c’est-à-dire dont l’approvisionnement est un enjeu particulièrement problématique sur le long terme, et d’espace avec des infrastructures très encombrantes. Par ailleurs, même si la voiture électrique émet moins de polluants dans l’air (pas de combustion de pétrole), elle en émet toujours avec l’abrasion des pneus notamment . Ces éléments (consommation de ressources, abrasion des pneus) sont d’autant plus vrais si la voiture est lourde (de type SUV).
En conséquence, la voiture électrique est une solution pour décarboner notre mobilité, et si de nombreux véhicules devront être électrifiés, elle ne doit pas être la seule solution à une mobilité moins carbonée. Nous ne pourrons pas remplacer nos 38 millions de véhicules thermiques par des véhicules électriques, il nous faudra réduire la place de la voiture et laisser la place à une mobilité plus sobre, plus douce et partagée.
Il est essentiel pour cela de questionner en priorité nos besoins de mobilité, de remettre en cause la voiture individuelle au profit de mobilités actives (telle que le vélo) et partagées (covoiturage, autopartage, transports en commun) et de se tourner vers une pluralité de moyens de transport plus sobres, en fonction des trajets effectués, du territoire et des infrastructures déployées.
« L’avenir de la voiture est électrique, mais la voiture n’est pas l’avenir de notre mobilité » Aurélien Bigo.
Le sujet est complexe et même si le véhicule électrique est un vrai atout pour réussir à décarboner nos déplacements, ce n’est pas la solution unique. La solution se trouve davantage dans un questionnement de nos besoins de mobilité et dans le développement des mobilités actives et partagées que dans une solution technique déployée à grande échelle.
Image : Paul Brennan de Pixabay